Peut-on changer la langue française ?

Le masculin ne l'emporte sur le féminin que depuis le XVIIe siècle quand les grammairiens français décidèrent que l'accord du verbe ou de l'adjectif se ferait avec ce genre. Auparavant, on accordait le verbe ou l'adjectif avec le substantif le plus proche. De nombreux noms de professions féminisés jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, comme autrice, écrivaine, peintresse... ont également été supprimés pour n'être plus désigné que par le seul masculin.

 

Toutefois, des études récentes ont révélé que le masculin générique (par exemple "les avocats" pour "les avocats et les avocates" par extension) n'est pas neutre par rapport aux représentations mentales qu'il génère : il suscite moins de représentations féminines qu'un générique épicène (par exemple "les avocat-e-s").

 

* Langue inclusive et législation

 

Dans plusieurs pays d'Europe, les pouvoirs publics ont légiféré pour imposer la féminisation des noms de professions, considérant que la langue doit s'adapter aux responsabilités et aux rôles nouveaux des femmes dans la société et contribuer au changement des mentalités. En effet, la désignation des femmes par un terme masculin occulte le rôle effectif qu'elles assument dans la société.

 

  • Suite au Décret relatif à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre adopté le 21 juin 1993 par le Conseil de la Communauté française, les noms de métiers doivent être féminisés, lorsqu'ils désignent une femme, dans tous les documents émanant du secteur public (règlements, contrats, correspondances, manuels d'enseignement...). Ce décret ne s'applique donc qu'aux actes émanant du seul secteur public.
  • Pour aider sa mise en application, en 1997, la Communauté française de Belgique (Conseil supérieur de la langue française, Service de la langue française) a publié un guide intitulé "Mettre au féminin. Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre", réédité en 2014 et disponible en ligne.
  • Il existe par ailleurs une "check-list de genre" (2013) présentant quelques conseils pour intégrer le gender mainstreaming dans la communication fédérale, émanant de la SPF Chancellerie du Premier ministre (DG Communication externe), on y trouve des trucs et des astuces pour communiquer de manière inclusive. La Fédération Wallonie-Bruxelles a également édité un guide et une check-list.

 

Ces documents vous conseilleront notamment : 

 

  • d'utiliser des tournures génériques ("la direction" à la place de "les directeurs") ou neutres (remplacer "Vous serez contacté" par "Nous vous contacterons").
  • d'utiliser l'infinitif (par exemple "avoir 18 ans" au lieu de "le candidat doit être âgé de 18 ans")
  • de ne pas utiliser de parenthèses : "agent(e)" suggère que le féminin est secondaire en importance
  • d'éviter les expressions sexistes qui sont entrées dans le langage courant comme "le panier de la ménagère", "la fée du logis"...

 

La langue n'est pas immuable. Vous aussi, vous pouvez agir sur la langue, notamment en adoptant un langage inclusif.

 


 

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