Un traitement différentiel donne des résultats différenciés

Les attentes de même que les jugements et évaluations tendent à fonctionner comme des prédictions auto-réalisatrices, c'est-à-dire qu'ils produisent des effets réels sur les comportements, attitudes et performances des élèves. Bref, ils ont un impact sur les trajectoires scolaires. Par exemple, un-e élève a de fortes chances de progresser si l'enseignant-e le/la croit doué-e. Pour plus d'informations, consultez le guide "Clichés en tous genres" réalisé par l'Académie de Clermont-Ferrand.

Les représentations sexuellement stéréotypées jouent ici un rôle négatif faisant du traitement différentiel une réalité aussi néfaste pour les garçons que pour les filles

  • certaines de leurs compétences sont laissées en friche
  • certains de leurs désirs sont contrariés
  • leurs évaluations sont biaisées
  • toute transgression par rapport à la norme est punie

 

Confiance en soi

Le traitement différentiel tend à renforcer la confiance en soi des garçons et à diminuer celle des filles. Le fait d'imputer plus souvent les réussites scolaires des filles à leur travail (l'effort) et celles des garçons à leurs capacités (le don) alimente la conviction des filles qu'elles sont moins douées et entretient le leurre chez les garçons qu'ils pourront réussir "quand ils s'y mettront" :  

  • les filles sous-estiment leurs chances de réussite : elles ont tendance à expliquer leur succès par la chance et elles interprètent leur échec comme le résultat de leur incompétence personnelle
  • les garçons surestiment leurs chances de réussite : ils attribuent celle-ci à leurs compétences et ils tiennent le professeur ou le manque de travail pour responsables de leur échec.

 

Conditions d'apprentissage discriminantes 

La prédominance des interactions verbales avec les garçons, l'encouragement particulier de ceux-ci dans les matières valorisées, les attentes plus ambitieuses vis-à-vis des garçons... constituent des conditions d'apprentissage discriminantes pour les filles. Se crée ainsi, à l'insu même des élèves comme des enseignant-e-s, une hiérarchie sexuée. En prendre conscience permet à l'équipe éducative de combattre ces formes de discrimination.

Etant donné que les élèves ne disposent pas d'outils pour saisir l'origine sociale de ce traitement discriminatoire réel, les filles comme les garçons ne peuvent attribuer qu'à leur personnalité la cause de ces inégalités. Bien que le traitement préférentiel n'ait qu'un impact négligeable sur les résultats scolaires à l'école primaire, on peut faire l'hypothèse qu'il influence : 

  • la construction de leur identité
  • l'appréciation de leurs compétences
  • les goûts et les motivations que les élèves développent pour les différentes disciplines et qui influeront plus tard sur les choix d'orientation
  • et donc, de manière générale, les perspectives d'avenir