L’aménagement de la classe dans l’enseignement fondamental
Cette section présente des conseils et des indications sur l'aménagement de la classe dans l'enseignement maternel et primaire ainsi que sur l'utilisation d'étiquettes au nom des élèves. Pour plus d'informations sur ce sujet, consultez la brochure "Filles et garçons à l'école maternelle. Reconnaître la différence pour faire l'égalité".
Il n'y a pas de classe neutre
Il n'y a pas de classe neutre
L'école d'aujourd'hui se doit d'être tolérante, égalitaire et de permettre le développement maximal de chacun-e des élèves quelle que soit son origine socioculturelle et économique. L'espace doit être aménagé pour répondre aux besoins des enfants. Il doit leur permettre à la fois d'être en relation avec les autres et de s'isoler, de vivre des expériences cognitives, sensorielles, motrices, d'expérimenter, d'éprouver des émotions... Bref, de se construire.
Agora, jeux symboliques, découvertes/manipulations, détente, défoulement/psychomotricité, hygiène... doivent être répartis dans l'espace de la classe. Les enseignant-e-s attribuent un nom aux différents espaces de la classe. Ce nom a-t-il une connotation sexiste ? Voici quelques réponse et suggestions apportées par des étudiant-e-s de 2e année bachelier, orientation "préscolaire" :
Nom de l'espace | Connotation sexiste | Nouvelle dénomination |
---|---|---|
Voiture | Oui | Transport |
Poupées et dinette | Oui | Maison ou cabinet médical, clinique vétérinaire, crèche, château… |
Maquillage | Oui | Grimage |
Déguisement | Oui / Non | |
Construction | Oui | |
Bricolage | Oui |
Pour les 3 derniers espaces, il n’est pas nécessaire de changer la dénomination. Par contre, il faut veiller à ce que l’image illustrant cet espace présente fille et garçon en activité. Pour les déguisements, il faut privilégier des vêtements et accessoires variés, et proposer des costumes en référence avec des métiers afin d'éviter les stéréotypes comme la fillette en fée et le garçon en Superman !
Écoutez la description que font les enfants des jeux. Les enfants s’expriment chaque fois en parlant « de jeux de filles » ou de « jeux de garçons ». Le rôle de l’enseignant-e est de leur faire prendre conscience de cette appellation a priori alors qu’ils disent tous que les jeux peuvent être utilisés indifféremment par les un-e-s ou les autres.
Quelques conseils :
- Permettre délibérément à chacun-e de faire ses choix dans la classe.
- Ne pas mettre à disposition des enfants tous les jeux ou tous les déguisements tout au long de l'année. En alternant leur présence dans la classe, les enfants seront plus motivés à jouer avec ceux qui sont présents.
- Obliger les enfants à se rendre dans tous les ateliers par un système de fiche avec prénom à inscrire.
- Transformer la maison en magasin ou en clinique vétérinaire avec des ours en peluche.
- Disposer des jeux « neutres » : puzzles dont l’image n’est pas sexiste (éviter les héros de dessins animés, princesses…), jeux de cartes, lotto, briques Lego traditionnelles ou mélangées avec celles qui ont une connotation sexuée (mauve, rose, vert tendre…),…
- Lors du rangement, éviter que les filles rangent les poupées et les garçons les voitures.
- Utiliser des couleurs neutres (éviter le rose dans le coin déguisement et le bleu dans le coin construction).
- Utiliser des photos ou des dessins neutres pour la dénomination des différents ateliers proposés (une fille qui joue aux petites voitures ou aux briques Lego, un garçon qui range les livres, les aliments de la cuisine,…).
Les stéréotypes se cachent derrière les étiquettes
Du porte-manteau auquel il accroche ses affaires à la nominette du tableau de présence, en passant par le casier où ses affaires sont rangées, l’enfant croise son prénom associé souvent au rose pour les filles et au bleu pour les garçons.
A l’époque où l’on utilisait des symboles, l’institutrice d’une classe d’accueil avait banni ces couleurs au profit du rouge pour les garçons et du vert pour les filles. Chaque enfant pouvait choisir l’image qui le représenterait toute l’année… à condition de respecter le code couleur. Or, les symboles dessinés en rouge étaient tous les moyens de transport (auto, vélo, moto, navire, avion…), tandis que les étiquettes vertes affichaient oiseaux, fleurs, lapins...
Sur le tableau d’appel, les prénoms sont parfois rangés selon le sexe de l’enfant. Cette présentation débouche sur des pratiques mettant en opposition les deux genres : le groupe des garçons « contre » celui des filles s'essaiera à chanter la nouvelle ritournelle. Non seulement cela induit une compétition, mais l'objectif d'apprentissage s'effacera derrière celui de supplanter l'autre, débouchant ainsi sur une élévation de la tonalité jusqu'au cri.
La différence de sexe est sans arrêt pointée du doigt, sans que les enseignant-e-s en aient conscience.
Quelques conseils :
- Eviter d’attribuer des couleurs différentes pour le groupe des filles et pour le groupe des garçons.
- Ne pas systématiquement associer des images « masculines » (voitures…) aux garçons et des images « féminines » (fleurs…) aux filles.
- Sur les panneaux affichés aux murs, présenter une version épicène des mots
- Sur les images affichées en classe, équilibrer la proportion d’images représentant des garçons et des filles ; attention à ne pas enfermer les garçons et les filles dans des rôles stéréotypés.