Les violences conjugales (violences entre partenaires)

On parle de violence conjugale lorsque celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une relation entre partenaires - y compris parfois après leur séparation.

 

Définition 

On entend par violences dans les relations intimes un ensemble de comportements, d'actes, d'attitudes, de l’un des partenaires ou ex-partenaires, qui visent à contrôler et dominer l'autre. Elles comprennent les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou amenées à se répéter portant atteinte à l’intégrité de l’autre et même à son intégration socioprofessionnelle. Ces violences affectent non seulement la victime, mais également les autres membres de la famille, parmi lesquels les enfants. Elles constituent une forme de violence intrafamiliale. 

Il apparaît que dans la grande majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes, des femmes. Les violences dans les relations intimes sont, le plus souvent, la manifestation, dans la sphère privée, des relations de pouvoir inégal entre les femmes et les hommes encore à l’oeuvre dans notre société. […] La violence entre partenaires constitue sans aucun doute la forme la plus courante de violence subie au sein de la famille ou du foyer. (Plan d'action national de lutte contre la violence entre partenaires et d'autres formes de violences intrafamiliales 2010-2014)

Cette définition vise tous les couples, mariés ou non, ensemble ou séparés, de même sexe ou de sexe différent, cohabitant ou pas.

 

Distinction entre le conflit conjugal et la violence conjugale

La violence conjugale se distingue du conflit, dans la mesure où, dans le cas de la violence conjugale, est mis en place un rapport de pouvoir. Il n’y a plus de place ni pour la négociation, la prise de décision en commun, ni même pour le désaccord ou le conflit. C’est systématiquement le même partenaire qui « gagne » et l’autre qui « cède ». L’une des deux personnes maintient le pouvoir sur l’autre, sur la relation, et décide pour l’essentiel. Son enjeu relationnel est que l’autre se plie à ses décisions, quel que soit l’objet de la confrontation. Pour y arriver, il peut être menaçant jusqu’à ce que l’autre ait suffisamment peur pour ne plus le contrarier.

Les violences conjugales recouvrent les violences physiques, verbales, psychologiques, économiques.

 

Données quantitatives et qualitatives

  • En 2014, le parquet a enregistré plus de 60.000 plaintes pour violences entre partenaires, soit près de 170 cas par jour (Institut pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes, Belgique)
  • La violence conjugale a coûté la vie à 162 personnes en 2013.
  • Selon les chiffres de l’enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE publiée en 2014, 24% des femmes déclarent avoir été victimes de violences de la part de leur (ex)partenaire depuis l’âge de 15 ans et 6% des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire ou ex-partenaire.
  • Un couple sur huit est confronté à des violences d’ordre psychologique en Belgique. Plus discrète, plus sournoise et moins visible que la violence physique, elle constitue une réelle souffrance pour celui ou celle qui la subit. (www.fredetmarie.be)

L’étude réalisée en Belgique en 2010 par l’Institut pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (IEFH), intitulée « Les expériences des femmes et des hommes en matière de violence psychologique, physique et sexuelle », présente les conclusions suivantes : 

 

  • Une femme sur sept a été confrontée à au moins un acte de violence commis par son (ex)partenaire au cours des 12 mois précédents l’enquête.
  • Il apparaît que dans la grande majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes, des femmes.
  • Le terme de « femmes battues » couramment utilisé, ne rend pas compte de la totalité des iolences entre partenaires puisque les pressions psychologiques y sont prépondérantes : la violence verbale est de loin la plus fréquente (41,5%), suivie par les intimidations (22%), et ensuite les coups (15%).  
  • Les violences sexuelles touchent surtout les femmes (5,6%, contre 0,8% d'hommes), et ce sont également elles qui sont le plus enfermées ou mises à la porte (5,9%, contre 2,7% pour les hommes).  
  • 8,9% des femmes ont vécu des contacts ou des relations sexuelles forcées avant l'âge de 18 ans. La plupart du temps, l’auteur est  un  membre  de  la  famille  ou  une  personne  de  l'entourage proche.  Et 23% de ces victimes féminines mineures n'ont jamais parlé de ces faits à quelqu'un. En outre, les victimes féminines de violence ne portent plainte que dans une minorité des cas (13,9%).  

 

Cette étude permet de constater une différence entre le nombre de victimes répertoriées par les services de police et d'urgence et le nombre de victimes réelles. Un grand nombre d'entre elles ne portant pas plainte et refusent même dans la plupart des cas d'en parler.

 

Cycle de la violence conjugale

Lorsque la violence conjugale est présente dans un couple, elle se manifeste le plus souvent sous forme d’un cycle qui comporte quatre phases : l’escalade de la tension, l’explosion de la violence, la justification/culpabilisation et la lune de miel/rémission.On appelle ce cycle, le « cycle de la violence conjugale » :

 

L’escalade de la tension :

  • L’auteur, par ses paroles et attitudes, installe un climat de tension et prétexte la soi-disant incompétence ou les erreurs de sa/son partenaire. Tout incident est prétexte (et non la cause) à déclencher la violence.
  • La victime, par peur, tente de tout faire pour ne pas mécontenter l’auteur. Elle doute d’elle-même, est anxieuse, elle a peur de le contrarier et de commettre des erreurs.

 

L’explosion de la violence :

  • L’auteur, considérant que la/le partenaire n’a pas répondu à ses attentes, pose un acte de violence. Il peut s’agir d’insultes, de cris, d’accusations, de disqualification, de menaces, de coups… L’auteur donne l’impression de perdre le contrôle de lui-même. La violence « éclate ».
  • La victime se sent humiliée, perdue, désespérée, démolie, brisée. Elle a peur que la violence reprenne. Elle peut craindre pour sa vie et celle de ses enfants.

 

La justification de l’auteur et la culpabilisation de la victime :

  • L’auteur se déresponsabilise. Il minimise son comportement, donne des justifications ou des excuses (qui lui sont extrinsèques) à son comportement violent. Il accuse la victime de l’avoir provoqué (« tu ne devais pas me faire des reproches », « tu l’as bien mérité »,  « tu m’as stressé-e », « tu sais comment je suis »), explique l’origine de sa violence (« j’ai des problèmes de nerfs », « j’ai été un enfant battu ») ou encore l’attribue à un facteur externe (fatigue, chômage, alcool, problème quelconque).
  • La victime accepte les justifications, minimise la violence, se sent coupable et responsable de la violence. Elle pense qu’elle aurait pu l’éviter et croit que si elle change son comportement, la violence cessera (« je suis trop sensible », « j’exagère », « je n’aurais pas dû le/la provoquer »). La victime modifie ses comportements par peur et pour tenter d’éviter une nouvelle explosion. Elle oublie sa colère, se remet en question, doute de ses propres perceptions.

 

La lune de miel / rémission et réconciliation :

  • L’auteur exprime des regrets et promet de ne plus recommencer. Il est affectueux et attentionné, demande pardon.
  • La victime est heureuse du calme retrouvé et peut croire que l’auteur ne recommencera plus. L’auteur fait des efforts, elle veut le soutenir et l’aider. Elle pense que la violence était « un accident », qu’il est redevenu « comme avant » et elle est attentive à son comportement pour éviter de le contrarier.

 

La violence conjugale est donc un processus cyclique, qui se caractérise par une situation d’emprise dont les victimes, autant que les auteurs, se défont difficilement. (source : Un enfant exposé aux violences conjugales est un enfant maltraité, Direction de l’Egalité des Chances, FWB, 2013)