La pornographie

La pornographie est la représentation d’actes sexuels sous forme de photographies, d’images, de vidéos… dans le but de provoquer une excitation sexuelle.

Le 24 avril 2008, le collège d’autorisation et de contrôle du CSA a distingué les contenus à signaler « -16 ans » (érotiques) et les contenus à signaler « -18 ans » (pornographiques) sur base de 3 critères cumulatifs qui sont : 

  • « l'absence avérée d'ambitions créatives ou intellectuelles, manifestée par exemple par l'absence de scénario construit et original
  • la dégradation de l'image d'un-e des partenaires et l'atteinte à sa dignité de personne humaine, celui-ci étant dépersonnalisé et uniquement considéré comme objet de gratification sexuelle personnelle
  • le réalisme cru réduisant la sexualité à la réalité primaire de l'acte. »

L’énorme majorité de l’industrie pornographique (cinéma, internet, magazines, …) s’appuie sur une vision très stéréotypée des rôles masculins et féminins (virilité hyper puissante, femmes-objets, …) et maintient les femmes en position de passivité et de domination. Le porno est une pratique et un média particulièrement violent envers les femmes, en premier lieu à l’égard des actrices elles-mêmes qui en ressentent de lourdes conséquences sur leur santé (physique et mentale). Cette industrie très populaire a aussi un impact non négligeable sur l’ensemble des femmes à travers les fantasmes et conceptions de la sexualité qu’elle véhicule (Texte issu du dossier pédagogique de la campagne de Vie Féminine « Brisons l’engrenage infernal ! », 2017 www.engrenageinfernal.be)

La pornographie contribue à l’exploitation et à la sexualisation de la femme, aux trafics d’êtres humains et à la pédophilie. Elle est responsable également de ce que l’on définit par l’expression de « dysfonction sexuelle » c’est-à-dire de la difficulté à avoir un comportement sexuel équilibré, ce qui produit des conséquences au niveau des violences sexuelles faites aux femmes. 

L’exposition des jeunes à la pornographie influence leurs comportements et leurs attentes sexuelles et mène à des dérives. Le sexe féminin normé, parfois chirurgicalement, des actrices pornographiques mène à des dérives et incite par exemple un nombre grandissant de jeunes filles à demander des chirurgies « réparatrices » de la vulve afin de rentrer dans une norme mise en place par les hommes.

Certaines études avancent l’hypothèse que la pornographie sur Internet peut favoriser le développement de la violence sexuelle et certaines attitudes sexuelles, en plus d’influencer les valeurs morales et les activités sexuelles des jeunes (Greenfield, 2004).

Une recherche explore le lien existant entre la consommation précoce et accrue de pornographie chez les adolescents, leur seuil de tolérance aux différentes pratiques sexuelles mises en scène dans ces contenus et la propension que ces jeunes ont à expérimenter ces pratiques, parfois déviantes, au risque de s’inscrire dans la transgression.(Analyse des pratiques, des représentations et de la tolérance en matière de sexualité adolescente au regard de la consommation pornographique sur Internet, Ulg Serge Garcet, Noémie Eloy 2017)

Néanmoins, de nombreuses préoccupations relatives à l’exposition des jeunes à du contenu sexuellement explicite ont été soulevées par les professionnels de la santé et d’autres intervenants. Elles comprennent la sexualité active à un âge précoce, la violence accrue ou l’abus dans les relations sexuelles, une acceptation accrue des stéréotypes sexuels et une grande obsession à l’égard de l’image corporelle. 

Il existe, depuis peu, une pornographie dite féministe qui a pour objectif de résister au contrôle patriarcal de la pornographie en mettant en avant une autre vision de la sexualité, non exclusivement masculine.

 

Donnée quantitatives et qualitatives

Une étude réalisée en 2015 (Consommation de pornographie à l’adolescence : quelles représentations de la sexualité et de la pornographie, pour quelle sexualité ?, Puglia, R., & Glowacz, F. , in Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 63 (4), 231-237) nous informe que : 

  • La plupart des études internationales montrent que 9 adolescents sur 10 sont confrontés, directement ou indirectement à la pornographie, et ce parfois dès 11 ans. Selon une étude de l’ULG, le pic se situe à 16-17 ans.
  • 62 % des jeunes interrogé (80 % de garçons et 20 % de filles)ont eu un accès régulier à de la pornographie. Les garçons la regardent plus que les filles et souvent seuls.
  • Les filles disent plus avoir regardé de la pornographie en « tant « tombées dessus par accident » et, lorsqu’elles en regardent volontairement, c’est plus souvent avec leur petit ami.
  • Les jeunes, qu’ils regardent ou non la pornographie, considèrent en général que la pornographie a un effet négatif sur eux.
  • Majoritairement, les adolescents considèrent que la pornographie donne une fausse image de la sexualité (68 %), n’est pas réaliste (66 %), montre des pratiques sexuelles qui ne plaisent pas aux femmes (54 %).
  • 80 % des jeunes qui regardent de la pornographie estiment qu’elle ne reflète pas la réalité, mais 22 % d’entre eux reproduisent pourtant des pratiques pornographiques (Etude Ulg Serge Garcet, Noemie Eloy 2017).

Selon une étude du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (France), les garçons trouvent les films porno amusants, distrayants (54%) ou utiles (16%). Les filles se disent par contre mal à l'aise (28%) ou dégoûtées (56%) (Enquête ESPAD (2003, Lettre du CSA n° 178 - Novembre 2004- participation de 16.833 jeunes).