Approche historique : genre et démocratie

L’exclusion des femmes de la citoyenneté politique n’est pas une spécificité de l’époque contemporaine. Dès l’Antiquité grecque et romaine, les femmes sont reléguées à la sphère privée. 

L’avènement de la modernité politique, avec ses deux moments charnières que sont la Révolution américaine (1776) et la Révolution française (1789), continue d’exclure les femmes. 

Leur inclusion politique devient concevable au nom de l’universalisme. Mais leur accès à la citoyenneté politique demeure interdit tant l’ordre politique est fondé sur la séparation entre le public et le privé. En symbolisant le privé-domestique, les femmes demeurent exclues de la citoyenneté et sont représentées par les hommes qui, eux, symbolisent le public-politique.  

L’ordre politique moderne est une construction sexuée qui catégorise les êtres humains selon leur sexe et qui sépare les hommes et les femmes respectivement entre les sphères publique-politique et privée-domestique. Aussi, la démocratie s’est-elle construite sans les femmes. Ce n’est que petit à petit que les femmes pénètrent cet espace public-politique, par exemple en obtenant le droit de vote et en ayant la possibilité d’être candidates aux élections. 

Or, la minorisation juridique des femmes par le Code Napoléon et par la Common Law a mis les femmes sous tutelle paternelle et maritale et entrave leur liberté privée et publique. Le Code Napoléon stipule par exemple :

  • l’interdiction d’accès aux lycées et aux universités 
  • l’interdiction de signer un contrat, de gérer ses biens 
  • l’exclusion totale des droits politiques 
  • l’interdiction de travailler sans l’autorisation du mari 
  • l’interdiction de toucher elle-même son salaire 
  • le contrôle du mari sur la correspondance et les relations 
  • l’interdiction de voyager à l’étranger sans autorisation 
  • la répression très dure de l’adultère pour les femmes 
  • les filles-mères et les enfants naturels n’ont aucun droit.

Il stipule également que « les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux ». 

Ne pouvant accéder à l’indépendance économique elles sont restées très longtemps privées des droits politiques. Lorsqu’elles les acquièrent, les femmes demeurent assignées à leurs rôles domestiques de mères et d’épouses et ne sont pas libres de jouir du temps nécessaire à l’engagement dans la gestion des affaires publiques.