Vers une histoire mixte

Les recherches en Histoire des femmes et du genre, devenues un champ de recherches scientifiques très dynamique depuis les années 1970, ont bousculé ces clichés. Elles ont montré que les femmes et les hommes ont construit ensemble la société dans laquelle ils vivent, à travers la constitution d’un corpus de savoirs validés considérable. Dans un premier temps, il s’agissait surtout de rendre visibles les femmes du passé. Depuis les années 1980, l’objectif est aussi d’analyser les relations sociales entre hommes et femmes, relations qui organisent toute société selon des modalités variables. Par ailleurs, les identités masculines et féminines ne résultent pas seulement de données naturelles mais aussi de constructions sociales et culturelles qui doivent être replacées dans leur contexte historique.

Grâce à ces recherches et aux outils appropriés, il devient de nos jours possible (et souhaitable) de proposer aux élèves un récit historique qui rende davantage compte des actions respectives des femmes et des hommes, et de s’interroger ensemble sur le sens que chaque société attribue au masculin et au féminin. Pour plus d'informations, rendez-vous dans la section "Sciences humaines".

Les apports d'une histoire mixte relatant la vie des femmes et des hommes sont d’ordre à la fois scientifique et civique :

  • Tout d’abord, elle révèle la présence des femmes dans la sphère publique. Choisies et interrogées différemment, les sources en disent beaucoup sur elles… La plupart des théories sur la place des femmes dans les sociétés anciennes forgées au XIXe siècle sur le modèle sociétal en cours livraient des interprétations sexistes et stéréotypées. De plus en plus de recherches en histoire mettent en avant de nouvelles interprétations des traces du passé. Ainsi, durant la Préhistoire, femmes et hommes avaient des activités très semblables et la chasse n'était sans doute pas réservée aux hommes. Au Pérou, la civilisation Moché a connu au moins le règne d'une femme et le site de Vix (France) a livré la tombe d'une femme occupant un rang important parmi les élites celtes. 
  • Ensuite, une histoire attentive aux deux sexes fait surgir de nouveaux objets d’Histoire et permet d’en réévaluer d’autres, considérés jusque là comme anecdotiques, comme par exemple l'histoire de la famille.
  • Pour que la discipline historique assume sa fonction civique, il faut enfin qu’elle permette aux élèves de décrypter les mécanismes sociaux de construction des inégalités. Qu’elles soient de sexe, de race ou de classe, celles-ci ne doivent rien à la nature. Pour plus d'informations à ce sujet, voir la section "Intersectionnalité".
  • Dans une société où les valeurs d’égalité font consensus, l’histoire, enseignée de manière mixte, doit aussi faire comprendre que l’acquisition de droits de tous et toutes n’est pas inéluctable, mais résulte de luttes et d’actions menées par des actrices et des acteurs qu'il est nécessaire d'identifier et d'analyser.

 

Faire de la place pour les femmes dans les histoires que nous racontons sur le passé peut nous aider à leur faire de la place dans les histoires que nous raconterons dans le futur.