Cyberviolences à caractère sexiste et sexuel

Données qualitatives et quantitatives

Une étude sociologique réalisée dans des établissements scolaires en France en 2016 (Cybersexisme, Centre Hubertine Auclert, 2016) auprès de jeunes de 12 à 15 ans révèle les informations suivantes : 

  • Pour garder une bonne réputation, les filles doivent présenter les attributs de la féminité hétérosexuelle mais avec pureté et vertu, sans intérêts sexuels.  A contrario, pour être populaires les garçons doivent faire preuve de masculinité, avec des accents mis sur les capacités sportives, de séduction et l’activité sexuelle.  Ces processus sont accentués par le cyberespace (mise en scène et contrôle de son image difficile). On notera que , pour les filles, cette nécessité d’être vertueuses rentre en contradiction avec leur « fuckability » (Dines) et le discours pornographique.
  • On constate une inversion de la culpabilité : les filles sont considérées comme responsables de la diffusion de leurs photos « parce qu’elles ont eu des comportements à risque », alors que c’est la diffusion des photos qui doit être remise en cause.
  • Les filles sont davantage touchées par les rumeurs, et les moqueries sur l’apparence physique (poids et taille).
  • 7% des filles et un peu plus de 3% des garçons interrogés ont reçu des photos ou vidéos à caractère pornographique qui leur ont fait du mal, qui les ont mis-es mal à l’aise ou qu’ils n’avaient pas envie de voir.

 

Définition

Le cyber sexisme désigne « des faits qui font violence aux individus, se déploient à travers le cyberespace, contaminent l’espace présentiel ou réciproquement et qui visent à réitérer les normes de genre ciblant distinctement garçons et filles ; bref, à mettre ou à remettre chacune et chacun à la « place » qui lui est assignée dans le système de genre ». (Couchot-Schiex et al., 2016 : 57)

Les cyberviolences désignent les violences qui s’expriment à travers les outils numériques, notamment via internet, les téléphones portables et les jeux vidéo. La cyberviolence peut prendre de multiples formes, qu’il s’agisse de violences ponctuelles (insultes, humiliation, intimidation, mise en ligne de photos ou vidéos intimes,...) ou de violences répétées relevant du harcèlement. Elle présente des spécificités liées aux médias numériques : capacité de dissémination vers un très large public, caractère incessant de l’agression, difficulté d’identifier l’auteur et d’agir une fois les messages diffusés (Cybersexisme : une étude sociologique dans des établissements scolaires franciliens, Centre Hubertine Auclert, 2016).

 

Différentes formes de cyberviolences existent : 

 

  • Porno-vengeance :photographies ou vidéos à caractère explicitement sexuel publiées ou partagées sur Internet sans le consentement de la personne concernée. Publié par un ou une ex-partenaire, ce contenu a pour vocation première d’humilier la personne concernée, à des fins de vengeance, souvent après une rupture (revenge porn).
  • Sexting / sexto : Envoi de messages à caractère sexuel par texto. Lorsqu’il est non consenti, le sexting (contraction formée de « sexe » et de « texting ») est une cyberviolence. Le sexting est également appelé sextage (Québec) ou textopornographie (France).
  • Sextortion : extorquer de l’argent en menaçant de publier des images compromettantes.
  • Slut-shaming : attitudes individuelles et collectives visant à blâmer les filles dont la tenue, le comportement sexuel, le maquillage ou l’allure générale ne correspondraient pas aux normes dominantes dans un groupe de jeunes. Le concept a été traduit par « intimidation des salopes » ou « couvrir de honte les salopes », mais ces traductions demeurent peu utilisées.
  • Vidéolynchage : action de filmer ou de photographier l’agression physique d’une personne à l’aide d’un téléphone portable, et d’en diffuser ensuite les images via les outils numériques (happy slapping).