Stratégies

Proposer des jeux et des sports collectifs, en mixité

En Belgique, les cours d'éducation physique sont mixtes en primaire mais ne le sont plus à partir de l’entrée en secondaire : les filles et les garçons ont par conséquent des activités sportives différentes, parfois très stéréotypées (par exemple, football pour les garçons et gymnastique pour les filles). 

Or, il est possible de travailler en équipes mixtes pour certains sports en établissant des règles qui évitent que garçons et filles ne soient encouragés dans les rôles traditionnels respectifs. On peut par exemple donner comme consigne l’alternance fille-garçon dans l’échange de la balle. On peut aussi accorder des points supplémentaires aux équipes qui auront le jeu le plus collectif.

Proposer des jeux et des sports collectifs, en mixité, c’est permettre à tous les élèves de jouer ensemble, avec plaisir, selon des règles qui assurent l’égalité des chances entre équipe (chaque équipe peut gagner) et incertitude du résultat (on ne sait pas d’avance qui va gagner, sinon le jeu perd son intérêt). Cela permet aussi de considérer la mixité - garçons/filles et de niveaux - comme une richesse et non un handicap pour apprendre ensemble. De plus, les filles ont un monde à gagner à apprendre à « jouer contre » dans un affrontement régulé, et les garçons ont souvent besoin d’apprendre à « jouer ensemble », à ne pas « jouer leur vie » à chaque match, à réfléchir sur leurs stratégies et dépasser la seule centration sur le résultat.

Néanmoins, en sports collectifs, plusieurs conditions sont à réunir afin de ne pas reproduire des pratiques inégalitaires :

  • C’est à l’enseignant-e de constituer les équipes. Le tirage au sort des équipes par les élèves (en général les plus fort-e-s de la classe) est très humiliant pour les élèves choisi-e-s en dernier. Faire des équipes hétérogènes où les élèves ont des niveaux très différents implique souvent que certain-e-s n'ont jamais la balle. Les attitudes envers les élèves moins doué-e-s peut donner lieu à des attitudes condescendantes, des remarques ou des traitements différents des filles (par exemple, un but marqué par une fille vaut le double de points). Cela donne le sentiment aux filles d'être beaucoup moins doué-e-s que les garçons.
  • L’établissement des règles par le professeur est également un élément important. 

 

Encourager la pratique sportive des filles

On sait que la puberté précoce des filles (augmentation des masses grasses, effets des menstruations,…) joue de façon négative sur leurs performances. Si le nombre d’affiliations à des clubs sportifs est quasi égal pour les filles et les garçons entre 7 et 12 ans, il chute significativement pour les filles entre 13 et 18 ans. Il importe donc de les soutenir et de les stimuler dans la pratique d'activités sportives.

 Il importe peut-être encore davantage de repenser les modèles culturels du sport qui restent majoritairement liés à des modèles historiques virils (compétition, affrontement, défi,…) et de poser que l’école a pour mission de rendre les pratiques sportives accessibles et attrayantes à toutes et à tous.  

 

Déségréguer l’éducation physique

Les activités proposées aux jeunes tendent à développer des compétences différentes en fonction du sexe. Or, avant l’adolescence, les différences entre filles et garçons sont minimes tant sur le plan de la morphologie que des prestations.

D'où l'intérêt de combattre la spécialisation genréele plus tôt possible. Pour cela, on peut :

  • Ne pas enfermer les activités physiques dans un modèle « sport de filles vs. sport de garçons ».
  • Organiser son cours en proposant à un sexe des activités liées à l'autre afin de permettre aux jeunes de construire leur identité sans être limité-e-s par les normes culturelles stéréotypées.
  • Utiliser pour l'évaluation des critères comme la collaboration, l'esprit d'équipe… différents de la seule performance individuelle, celle-ci devant servir à mesurer les progrès personnels de l’élève.
  • Faire référence au cours à des modèles sportifs féminins aussi bien que masculins et donner des repères historiques dans le domaine du sport.

 

Lutter contre les stéréotypes en EPS et sport

L’éducation physique et le sport sont très imprégnés de valeurs traditionnelles quant aux rôles et comportements sexuels qui tendent à encourager les élèves à développer des compétences physiques correspondant à leur identité sexuée : force pour les garçons et grâce pour les filles.

Cependant, ces cours peuvent être l’occasion d’agir de manière efficace contre les idées reçueset de permettre aux jeunes de développer toutes leurs potentialités :

- Au cours de gym : travailler la prise de risque avec les filles et l’esthétique avec les garçons.

- Lors des activités sportives mixtes : proposer aux filles de se mettre à l’attaque et aux garçons à la défense ; montrer l’intérêt de l’esprit d’équipe (faire des passes par exemple), de la coordination ; faire valoir que les performances sportives sont aussi liées à la stratégie, à la force mentale.

- Développer chez les élèves le goût d’activités sportives a priori rejetées à cause de préjugés sexistes (la danse par les garçons, le rugby par les filles).

- Distinguer les attributs physiques des compétences sportives dans les jugements ;

 

- Prêter attention au harcèlement dont sont victimes certain-e-s élèves à cause de leur physique (poids,...), de leur maladresse,… et concevoir des stratégies pour le combattre.