Stratégies
Prévoir des activités réflexives à partir de textes, de supports ou à partir de récits d’expériences, de petits différends, de tensions qu’auront pu vivre les enfants sur la cour de récréation, dans les couloirs ou à la cantine sur le sujet de l’égalité filles-garçons
Il s’agit donc de proposer des moments qui permettent une activité réflexive de l’élève, voire des moments de débats qui permettent de conceptualiser leurs comportements et notamment de s’interroger sur ce qu’est l’égalité de droits et l’égalité de traitement entre les filles et les garçons mais aussi entre les femmes et les hommes.
Débattre de thèmes sociétaux et inclure tous les élèves
Vous pouvez organiser débats sur la place des femmes et des hommes dans la société autour de grands thèmes comme : la sexualité, les violences… Vous trouverez plus d’informations sur ces thématiques dans la partie « le genre par thèmes ».
Quelques bonnes pratiques pour inclure tous les élèves du groupe :
- Reconnaissez les signaux des élèves tranquilles indiquant leur volonté de participer et donnez-leur la chance de faire une intervention.
- Evitez de dévaloriser le contenu des réponses des élèves.
- Répartissez les responsabilités équitablement.
- Parlez avec les élèves au sujet de leurs attitudes par rapport aux mathématiques, à l'éducation physique, aux arts, à la musique,…
Et puis ne protégez pas vos élèves, renforcez plutôt leur confiance en leurs capacités.
Développer le sens critique des élèves
C’est en donnant aux élèves tous les outils nécessaires que l’on peut atteindre une société égalitaire. Développer leur sens critique, leur enseigner comment argumenter pour justifier une prise de position, les faire identifier les stéréotypes dans les discours... les arment pour l’avenir. En effet, selon la ministre Schyns, à propos du cours de philosophie et citoyenneté, « le but est de faire en sorte que les élèves, en sortant de sixième secondaire, après avoir suivi ce cours pendant 12 ans, soient capables de poser des choix éclairés, de déterminer leurs propres choix, dans un esprit de tolérance et de respect des droits de l’homme. Donner des outils intellectuels pour que chaque élève se construise en tant que citoyen autonome dans une société pluraliste. »
Exemple d’activité autour des violences verbales - 1
Les insultes sexistes et homophobes ont pour point commun de rabaisser l'autre, comme nous l'expliquons dans la section "Violences de genre".
Le Ministère de la Communauté française a édité un ouvrage « Combattre l’homophobie » qui explique pourquoi et comment aborder cette question à l'école, donne des informations scientifiques à ce propos et propose des activités pédagogiques à mener avec les élèves dont voici un exemple autour des mots qui font mal :
1. Objectifs
- Identifier les mots péjoratifs associés aux personnes homosexuelles ;
- Accroitre chez les élèves un sentiment d’empathie en se plaçant dans la peau de l’autre ;
- Prendre conscience des effets néfastes de l’étiquetage ;
- Prendre conscience de ses propres actes et de leurs conséquences pour soi et pour autrui.
2. Situation d’apprentissage
L’enseignant-e invite les élèves à répondre individuellement au questionnaire « Les mots qui font mal ».
Questionnaire :
- Ai-je déjà utilisé un mot qui fait mal ? Si oui, lequel ?
- Comment me suis-je senti à ce moment ?
- Est-ce que je sais comment l’autre s’est senti à ce moment ?
- Pourquoi est-ce que j’utilise ce mot ?
- Comment me sentirais-je si on m’appelait comme cela ?
- L’enseignant-e anime une période de mise en commun des réponses : il invite chaque élève, à tour de rôle, à communiquer à ses condisciples, ce qu’il a écrit.
- Il / elle aide les jeunes à exprimer avec précision les sentiments qui les habitent en leur permettant d’enrichir mutuellement leur vocabulaire au besoin (confus-e, honteux / honteuse, embarrassé-e, frustré-e, irrité-e, anxieux / anxieuse, choqué-e, isolé-e, agressif / agressive, triste, etc.).
- L’enseignant-e fait état des mots qui font mal utilisés par les élèves, mais que les élèves n’ont pas repris dans l’exercice.
3. Action
L’enseignant-e invite les jeunes à se regrouper en équipe, pour réaliser une affiche visant à sensibiliser aux effets néfastes de l’homophobie. Ces affiches peuvent servir de promotion à la journée de prévention de l’homophobieou être intégrées à toute autre journée thématique visant à contrer l’intimidation ou la violence en milieu scolaire. Les élèves peuvent aussi organiser des kiosques, rédiger un article dans le journal des élèves ou encore former un comité des élèves qui œuvre à la prévention de la violence à l’école.
4. Complément
L’activité "Les mots qui font mal" peut être enrichie en incluant d’autres formes d’étiquetage fondées, par exemple, sur le sexe, la couleur de peau, l’origine ethnique ou sociale, les caractéristiques physiques, etc. Les objectifs et le déroulement de l’activité restent les mêmes.
Cette activité pédagogique est extraite de la brochure « Combattre l'homophobie » (p. 67-68).
Exemple d’activité autour des violences verbales - 2
L’égalité filles-garçons est l’affaire de tous. Des propos sexistes et des injures sont proférés à l'égard de filles et de garçons. Ils mettent l'accent tant sur des caractéristiques physiques et intellectuelles que sur le sexe des condisciples. Pensez au contenumême de ces injures et relevez celles qui portent atteinte à l’un ou l’autre sexe :
- sale pute, blonde, salope, pétasse, connasse… à l’égard des filles
- pédé, gonzesse, enculé, fils de pute, espèce de con … à l’égard des garçons
Pourquoi ne pas réfléchir avec les élèves aux sens que les mots prennent selon les contextes ? Prenons l’exemple d’une injure courante : « pédé ». On peut constater avec eux que ce terme s'emploie exclusivement pour injurier un garçon et s’interroger sur les usages du mot :
- pour insulter un garçon sans toutefois qu'il y ait de connotation sexuelle
- pour qualifier un garçon qui ne correspond pas à la norme masculine classique
- pour stigmatiser un garçon homosexuel
Dans les trois cas, le mot vise à blesser, à faire mal. A ce titre, il s’agit d’une forme de violenceet elle est donc répréhensible. Dans les deux derniers cas, il n'est pas plus acceptable qu'une injure raciste. Les garçons doivent avoir le droit :
- de ne pas se couler dans le moule étroit de la virilité
- d'adopter la préférence sexuelle qui leur convient
Il convient de rappeler que l’homophobie est réprimée par la loi. L’essentiel est d’aborder cette question sans tabous ni préjugé. Une bonne connaissance du sujet est certes indispensable, mais l’aisance avec laquelle on en parle est tout aussi importante pour la réussite de l’activité. Souvent, c’est le savoir-être, c’est-à-dire nos attitudes et nos valeurs à l’égard de l’homosexualité qui, en définitive, auront un effet plus déterminant sur les jeunes que les connaissances que nous leur transmettrons.
Quelles attitudes doit-on privilégier lorsqu’on aborde les thèmes de l’homosexualité et de l’homophobie auprès d’enfants ou d’adolescent-e-s ?
- Accepter de mener soi-même une réflexion sur le sujet avant d’entamer un effort de conscientisation constitue un préalable :
- être conscient-e de ses propres préjugés et de ses stéréotypes
- prendre le temps de vérifier si ces préjugés s’appliquent aux personnes réelles
- prendre garde aux généralisations abusives et éviter de confondre les jeunes gays et lesbiennes avec les stéréotypes que l’on a d’eux / elles
- Affirmer une attitude « inclusive », au sein d’un groupe de jeunes, on peut alors :
- reconnaitre les relations amoureuses entre personnes de même sexe de la même manière que l'on reconnaît la diversité ethnoculturelle ;
- se rappeler que ce n'est pas parce qu'une réalité est minoritaire qu'elle est anormale. Les jeunes gays, lesbiennes et bisexuel·le·s ont besoin de savoir, comme les autres jeunes, que leurs sentiments amoureux sont normaux, sains et respectés
- s'affirmer personnellement et professionnellement face aux manifestations d'homophobie.
- Intervenir lorsqu'il y a des blagues, des propos ou du harcèlement homophobes, moins en interdisant simplement des propos stigmatisants qu'en interrogeant, par exemple, les auteurs sur l'origine et / ou la signification des termes injurieux qu'ils / elles utilisent.
- Créer ainsi un environnement sécurisé pour les jeunes gays et lesbiennes ou en questionnement sur leur orientation sexuelle,tout en laissant des paroles moins convenues s'exprimer et être débattues.
- Poser des questions aux jeunes qui ont des préjugés ou de fausses croyances à l'endroit des personnes homosexuelles afin de comprendre l'univers de leurs valeurs et de leurs croyances face à l'homosexualité.Restructurer l'information en transmettant des connaissances justes. Chercher à créer des alliances avec les jeunes les plus ouvert-e-s d'esprit en les invitant à émettre leurs opinions.
- Ne pas oublier que les jeunes ayant des comportements homophobes représentent une minorité.
- Être ouvert·e à accueillir sans jugement un·e jeune qui s'affirme comme gay ou lesbienne ou qui se questionne sur son orientation sexuelle. Respecter la confidentialité de cette information et lui offrir son soutien. S'il / elle est troublé·e ou s'il / elle vit difficilement cette situation, lui suggérer de demander de l'aide auprès d'un·e intervenant·e scolaire qui pourrait l'accompagner dans sa démarche.
Cette activité pédagogique est extraite de la brochure « Combattre l'homophobie » (p.15).